•  

    Le temps nous égare le temps nous étreint

    Le temps nous est gare, le temps nous est train

    Prévert

     

     

    Gare !

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Magritte - La Durée poignardée

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  •  

    Les petites mécaniques du temps

     

     

     

     

     

     

     

     

     Dali - La Persistance de la Mémoire (extrait)

     

    Aujourd’hui, mon père obstiné a en tête de réparer des choses dont il dit qu’elles ne fonctionnent plus. Les montres, horloges et autres pendules n’ont qu’à bien se tenir si elles ne veulent pas passer sous le redoutable tournevis paternel.

    Inquiète, j’essaie de le dissuader d’entreprendre ces réparations qui lui plaisent tant. Car s’il sait toujours démonter et mettre en pièces ses chères petites mécaniques, les remonter est une tout autre affaire dont il ne vient plus à bout.

    L’idée d’admettre cela lui est insupportable. Il en est peiné, malheureux alors tant pis pour les petites mécaniques qui resteront une fois encore en dissection sur le tapis. Pendant quelques heures mon père n’aura pas vu le temps passer…

     

    Les petites mécaniques du temps 

     

     

     

     

     

     

     

     

    Dali et ses montres molles

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  •  

    Vint un temps où ses forces l’abandonnèrent. Elle en était dans un étonnement sans bornes, et n’y voulait pas croire. Quand je venais de Paris la voir, elle avait toujours, quand nous demeurions seules l’après-midi dans sa petite maison, quelque péché à m’avouer. Une fois, elle retroussa le bord de sa robe, baissa son bas sur son tibia, montrant une meurtrissure violette, la peau presque fendue.

    -  Regarde-moi ça !

    - Qu’est-ce que tu t’es encore fait, maman ?

    Elle ouvrait de grands yeux, pleins d’innocence et de confusion.

    - Tu ne le croirais pas : je suis tombée dans l’escalier !

    - Comment, tombée ?

    - Mais justement, comme rien ! Je descendais l’escalier et je suis tombée. C’est inexplicable.

    - Tu descendais trop vite ?...

    - Trop vite ? Qu’appelles-tu trop vite ? Je descendais vite. Ai-je le temps de descendre un escalier à l’allure du Roi-Soleil ? Et si c’était tout… Mais regarde !

    Sur son joli bras, si frais encore auprès de la main fanée, une brûlure enflait sa cloque d’eau.

    - Oh! qu’est-ce que c’est encore ?

    - Ma bouillotte chaude.

    - La vieille bouilloire en cuivre rouge ? Celle qui tient cinq litres?

    - Elle-même. À qui se fier ? Elle qui me connaît depuis quarante ans ! Je ne sais pas ce qui lui a pris, elle bouillait à gros bouillons, j’ai voulu la retirer du feu, crac, quelque chose m’a tourné dans le poignet… Encore heureux que je n’aie que cette cloque… Mais quelle histoire ! Aussi j’ai laissé l’armoire tranquille…

    Elle rougit vivement et n’acheva pas.

    - Quelle armoire ? demandai-je d’un ton sévère.

     [...]

     

    Colette - La Maison de Claudine - Ma mère et le fruit défendu

     

    Vint un temps

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Sidonie Gabrielle COLETTE

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  •  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Partout le bruit de l’eau qui goutte, dégoutte des chéneaux, des noues, des linteaux. L’hiver, enfin, se dissous et transforme en haillons sa houppelande d’isatis. De larges et laides taches d’herbe aplatie, décolorée par tous ces jours passés dans la blanche obscurité reviennent à la vie.

    Surtout ne pas manquer le rendez-vous avec les perce-neige ! Par je ne sais quel miracle, chaque hiver, leurs petits visages penchés parviennent à s’affranchir de la couverture gelée et à se hisser jusqu’à nous qui les attendons.

    J’invite ma petite maman à faire quelques pas au grand air mais ma proposition reste sans écho. Elle n’en a pas envie et ça m’attriste plus que tout. Je mesure combien son désir de me faire plaisir s’émousse. Il y a peu de temps encore elle m’aurait accompagnée avec joie tout simplement pour être avec moi.

    Depuis mon retour, statu quo avec mon père. Rien ne va plus mal mais rien ne va mieux. Pendant mon absence j’ai pu reconstituer mes réserves de patience et d’écoute, deux qualités capitales pour cohabiter au mieux avec mon singulier pater. J’aimerais tant qu’il retrouve l’insouciance à laquelle ils nous avaient habitués mais qui ne reviendra plus jamais.

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire
  •  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Vilhelm Hammershoi

     

    Seuls les rideaux, tandis que la chambre est obscure

     

    Seuls les rideaux, tandis que la chambre est obscure,
    Tout brodés, restent blancs, d'un blanc mat qui figure
    Un printemps blanc parmi l'hiver de la maison.
    Sur les vitres, ce sont des fleurs de guérison

    Pareilles dans le soir à ces palmes de givre
    Que sur les carreaux froids les nuits d'hiver font vivre.
    Et dans ces floraisons de guipure on croit voir
    Tous les souvenirs blancs parmi le présent noir

    [...]

    Georges Rodenbach

     

    L'hiver de la maison

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Yahoo! Google Bookmarks

    votre commentaire



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires