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Bibi
Faut-il revenir ? Oui sans doute.
Après avoir passé une grande partie du mois de mai chez moi, loin de mes parents me revoici à leurs côtés dans le Pays de Longue Pluie.
Sauf que désormais je suis amenée à m’occuper d’eux comme une mère ferait avec ses enfants.
Ca me gêne beaucoup, ça me met mal à l’aise, c’est ce que je n’aurais pas voulu vivre et qui pourtant m’arrive.
Maman, si efficace, si réactive il y a peu, ma petite mère qui oublie dans la seconde ce qu’elle était en train de dire, d’entendre ou de chercher la seconde d’avant. Avec laquelle je dois utiliser des ruses de Sioux pour faire comme si de rien n’était. Qu'elle ne remarque pas combien ses oublis se multiplient est une préoccupation constante. Sa mémoire envolée l’attriste, je le sais.
Papa, mon père si malheureux d’être vieux, qui marche, court sur les pics acérés de la révolte un jour et qui, le lendemain, tombe dans les abîmes sans fond de la détresse. Tantôt vulnérable et frêle, tantôt provocateur et Prince de Mauvaise Foi perdu dans des phrases insensées. Mon père déroutant, désespérant, désespépèrant.
Et puis bibi qui du matin au soir volète de l’un à l’autre, remettant à plus tard les occupations qui lui sont chères, se demandant si le goût des choses qu’elle aime faire ne va pas finir par lui passer.
Doutes et questions de tous les jours.
Baucis et Philémon par Helga Schmitt
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