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Couleurs quand même
Depuis des jours une pluie froide verse inlassablement sa tristesse sur les ultimes blondeurs végétales. Pâlis, décolorés, les rouges, les ors derniers ne chantent plus. Tout s’éteint. La belle forêt primaire se désenchante. Qu’importe puisque l’harmonie est parfaite, tout en demi-tons, demi-teintes. La couleur de nos pensées.
Mes parents sont dans leur silence, l’un tranquille, l’autre sombre et morose. Je ne peux rien pour eux, seulement les regarder s’étioler jour après jour. Mon père rejette toujours mon aide. Pourtant il lui est désormais impossible de faire les choses les plus simples. Son comportement me préoccupe beaucoup et c’est peu dire.
Alors je rêve aux grands perroquets de Guyane, ces somptueux aras dont le ramage n’est que tapage, qui grincent, rauquent, vacarment à longueur de temps, mais à qui l’on pardonne tout de leurs cris incessants. Ne sont-ils pas la presque perfection ?
Du rouge au vert tout le jaune se meurt
Quand chantent les aras dans les forêt natales
Guillaume Apollinaire
Et le perroquet de Marc Chagall
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Commentaires
Tu dis si bien les jours, les instants, et la vie qui passe... Tu dis tout cela en écho des mots d'Apollinaire, et tu me fais cadeau en toile de fond, du perroquet somptueux de Chagall, que je ne connaissais pas... que je n'avais jamais remarqué nulle part... ni dans les livres d'art, ni sur le net... Merci Myrto...
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Je ne connaissais pas non plus ce perroquet de Chagall qui éclate de couleurs. De la couleur, ton texte et les images qui l'accompagnent nous en remplissent la tête quand dehors règne la grisaille, souffle le vent et se déverse la pluie.