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    Oh ! l’automne, l’automne a fait mourir l’été

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Gustav KLIMT - Forêt de bouleaux en automne

     

     

    Quelques semaines d’absence et je retrouve mes parents devenus si vieux avec soulagement mais aussi appréhension.

    Ma petite Mère m’attend, tout en joie, et c’est bon. Mais le sourire de mon père n’est pas au rendez-vous et je lis dans son regard combien mon intrusion dans leur vie continue de lui déplaire. Il m’a tant de fois dit qu’il n’avait nul besoin de ma présence ni de celle de quiconque, qu’il ne voulait personne d’autre que Maman auprès de lui…

    L’automne est partout, le ciel s’assombrit, mon optimisme cependant reste au beau. Pas comme celui de Mimi qui est restée avec eux pendant tous ces jours. Son moral n’est pas très rose, elle s’en va vite, vite.

    La vie ici reprend son cours difficile comme la  petite rivière torrentueuse dont j’entrevois entre les arbres le fil miroitant indocile. Indocile…

     

     

    Oh ! l’automne, l’automne a fait mourir l’été

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Le refuge

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Gustave Courbet - Le Chêne de Flagey - 1864

     

     

    Pas de petits bonheurs du jour depuis bien longtemps. Bonheurs boudeurs ?

    Partir au-devant.

    Aller jusqu’au verger pour un instant de paix sous le grand pommier.

    A la lisière du pré, la rivière, hier sautillante, dévale en flots torrentueux.  J’entends sa rumeur.

    Plus loin un troupeau de vaches bicolores, affalé dans le regain tout neuf, rumine sans fin .

    Temps retrouvé de l’enfance. Vol suspendu…



    Le refuge













    Les Vaches de Rosa Bonheur


     ...

    Une vache était là, tout à l’heure arrêtée.
    Superbe, énorme, rousse et de blanc tachetée,

    Son beau flanc plus ombré qu’un flanc de léopard,
    Distraite, regardait vaguement quelque part.

    ...

    Victor Hugo – La Vache ( Les Voix intérieures, 1837)


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    Ciel de lumière, ciel d'ombre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Raoul DUFY

     

     

    Dieux de l'Olympe et même d’Asgard je vous convoque. Tous !

    Dans la maison paternelle venez, munis de vos arguments les plus solides, afin que cessent les démonstrations de mauvaise foi de mon petit père.

    Videz à jamais le carquois de cet impénitent décocheur de flèches du Parthe.

    Choisissez pour nous les pastels les plus doux et recolorer, s’il vous plaît, nos jours pâlis !


     

    Ciel de lumière, ciel d'ombre pourtant

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    David HOCKNEY - Mes Parents

     

     

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    Mère si gaie, tout a tellement changé ces derniers temps ! Comment faire pour accepter cela ?

    Ton souriant visage reste le même, mais derrière lui je vois bien que le vif esprit aiguisé que je connais tant a baissé sa garde.

    Nos bonnes conversations s’appauvrissent, nos fous rires toujours prêts à jaillir me manquent et je ne m’y habitue pas petite Mère, mon  amie, mon autre.

    Il faudra bien, pourtant, que je m’y fasse.



    Tes éclats de rires...

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    Partir encore

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pierre-Isidore Bureau - Le Chemin Montant

     

     

    Il dit qu’il fera un voyage à Jérusalem à l’automne. Qu’il partira bientôt en direction de Saint-Jacques et ira par les chemins jusqu’à Compostelle. Il bavarde comme mille pies mais ses oreilles sont fâchées avec lui depuis belle lurette. Il répète que ses oreilles vont très bien et ça me fait sourire.

    Il dit tant de choses pour conjurer les flots mauvais, les vents contraires, annonciateurs du fatal naufrage.

    Pourquoi ce qui frappe les personnes aimées nous est-il plus insupportable que ce qui nous atteint nous-mêmes ? Toute cette impuissance devant la souffrance des autres qui devient la nôtre, contre laquelle on ne peut rien !

    Le soir tombe. Je marche sur le chemin. Je veux boire l’air des grands bois tout proches, respirer la terre humide et noire de mes vieilles montagnes.

    Je ne suis plus seule. C’est étrange. Un oiseau marche quelques mètres devant moi. Il marche. Ma proximité ne l’effarouche pas. Nous marchons ainsi, de concert, un assez long moment puis il se pose sur une barrière proche et me regarde passer avant de prendre son envol. Où va-t-il ainsi à l’entrée de la nuit ? Où ?


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    Mon père, ce vieil homme

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

      


    Rodin - Buste de Dalou

     

     

    Il refuse son grand âge mon père, ce vieux gamin ! Il se cramponne. Il  ne veut rien céder au temps qui passe ce vieil insouciant qui vit comme une vacherie de l’existence la débâcle de cette maudite vieillesse qui a fini par le rattraper !

    Tout le tire, le bouscule, le bascule dans les brumes épaisses d’un ciel d’hiver qui ne finira pas.

    Être de son entourage, se frotter à son caractère imprévisible, à son comportement hors norme, ne fut jamais chose facile. Tout cela est désormais passé en filigrane, grisé, presqu’effacé par l’affection que je lui porte.

    Parce que son grand désarroi actuel ne cesse de m’émouvoir et m’interroge sans fin. Nous, si différents et pourtant si semblables !


    Mon père, ce vieil homme
















    Magritte - La Reproduction Interdite - 1937


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    Le ciel jaune et bleu d’hier, ce matin, nous abandonne et dépasse en tristesse les pensées les plus grises.

    On dirait que le temps veut se mettre en harmonie avec l’atmosphère qui règne dans la maison de mes parents, ces deux êtres si différents que la moindre séparation affecte jusqu’à l’insupportable. Eux dont la fragilité, la vulnérabilité n’en finissent plus de me bouleverser.

    Voici qu’à mon tour je suis face à une réalité redoutée, mes parents sont devenus vieux. Vieux. Pour toujours. Même Maman, si gaie, si enjouée est devenue autre. Son équilibre tout entier semble lié à ma présence. Elle est désormais l’enfant que je n’ai pas eu. Comme un apaisement.

    Pourtant je rame contre un courant difficile, sur un torrent d’émotions, d’incertitudes, de peurs de toutes sortes…



    Être là











    Gaston Hauchecorne - Terre cuite



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    15 juillet. La pluie droite et drue piétine la route avec entrain. Le vent violent fouette les branches du seringat. Il fait froid.

    Dans la maison doucement chauffée où  règne la demi-pénombre des jours de pluie, je suis bien.

    Tout est calme et silence. Au creux de son fauteuil mon père dort, paisible, ses tourments de vieil homme en suspens...

    Ô temps, oui temps, s’il te plaît, suspends ton vol !



    Instant fragile














    Picasso - Portrait d'Ambroise Vollard


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    Devenir ?

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


    Lukas FURTENAGEL

     

    Ils sont là tous les deux, dormant. Mon père, ma mère. Comme je les aime !

    Dehors c’est le plein été. A quatorze heures trente la chaleur est si intense dans cet après-midi sans vent que nul ne veut autre chose que rester dans la pénombre fraîche et la molle douceur de son fauteuil.

    Rassurée par ma présence ma mère m’offre son beau visage tranquille, elle qui s’affolait si vite à l’idée de la solitude vieille.

    Mon père, ce diable d’homme, dort comme un petit garçon.

    Dans quelques jours il y aura une année entière que je me suis installée à leurs côtés, dans leur maison, afin qu’ils puissent continuer d’y vivre comme ils l’ont toujours fait.

    Il y a un an, ma mère – 85 ans – dut se résoudre à subir une intervention sur une hanche devenue un cauchemar.  J’assiste ma mère depuis lors, au grand désespoir de mon père qui supporte très mal ma présence.

    A 89 ans, mon père estime qu’il n’a besoin de personne pour s’occuper et de son épouse et de la maison. Il garde toute son autorité et refuse mon aide qu’il juge inutile et humiliante.

    Faire face quotidiennement aux réticences et aux résistances  paternelles est une occupation qui demande tact et douceur. Par chance j'en suis assez bien pourvue…

    Ah mon père, mon indocile, ma mère, ma toute petite, le temps a poudré de sa cendre le rose éclatant de votre histoire !



    Le miroir de Baucis (1)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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