• Pourtant, partout, l'été flamboie

    Penche mon père, en arrière, comme pour rester à tout prix du côté du vu, du connu.

    Hier, tu entrais en traînant les pieds sur un chemin penchant lui aussi. Fais de 9, de 9 vieux 9, bons à jeter aux orties. Car depuis quelque temps tu détestais l’idée d’avoir à passer ce pic des 90 ans.

    Tu l’as pourtant pris ce chemin, à contre-envie, à reculons,  grognon, mécontent comme jamais. D’aucuns l’auraient sans doute bien pris aussi qui sont partis, sèchement poussés vers la sortie. Le doigt injuste du hasard, mon bon monsieur.

    Je suis heureuse, moi, que tu sois là ! Et catastrophée quand tu déclares deviner mes pensées dans lesquelles tu serais un fardeau dont je voudrais me débarrasser au plus vite !  

    En disant et redisant cela tu malmènes et rudoies toute l’affection, les sentiments profonds qui me font rester près de toi et de ma petite mère. Pire, tu me fais douter de la décision prise il y a deux ans déjà, afin que maman et toi puissiez continuer de vivre dans votre environnement habituel, sans que rien de notable ne change pour vous, si ce n’est ma présence de chaque instant bien sûr. Cette présence qui t’ennuie tellement.

    Mais je n’ai malheureusement que ça à te proposer. L’évocation de la maison de retraite te fait pousser les hauts cris et je le comprends. Moi non plus je ne suis pas prête à m’y résoudre, ni pour l’un, ni pour l’autre de vous deux.

    Je déteste tellement te voir malheureux de ta vieillesse et du cortège infini de renoncements qui va avec. Peut-être enfin finiras-tu par t’apaiser.

    Regarde et console-toi ! Vois comme il te sourit ce petit matin qui s’ébroue !

     

    Pourtant, partout, l'été flamboie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    ... à l'heure où blanchit la campagne...

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  • Commentaires

    1
    Mercredi 9 Octobre 2013 à 18:22

    quelle merveille... Comme tu écris bien ! et comme tu décris bien ce que nous redoutons tous, et ce que nous avons fui la plupart du temps... 

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