• Vertige horizontal

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La verve jubilatoire de Joseph Delteil, le grand écrivain audois, pour célébrer le vignoble des Corbières avant que le cers fou n'arrache à jamais ses atours d'automne.

    http://www.revuesouffles.fr/prix-litteraires/http://www.revuesouffles.fr/prix-litteraires/joseph delteil

     

    Il fait chaud et vaste. J'ai soif. Des vignes... des vignes... Je saute dans une vigne, je me couche sous une souche, le dos à terre. La terre est toute gluante de sèves toniques, de jus essentiels. Sa fraîcheur pectorale me pénètre dans la peau. Mon visage immergé dans les feuilles, submergé de raisins, succombe dans les délices. Les raisins sont des tétines. [...]

    Les grappes noires dans les feuilles vertes tressaillent comme des pis.
    Pendant des minutes et des minutes, je mange, j'avale. Peu à peu une ivresse d'or me saisit.

    Je suis saoul. L'univers est saoul.
    J'ai le vertige horizontal. L'horizon est une grappe de raisins. Un raisin est un éléphant. Mais l'univers est une souche. La souche grandit. Elle escalade le ciel avec quatre millions de rameaux. Je m'agite, tu t'agites, ils s'agitent. Des grives s'envolent de toutes part et tombent instantanément toutes rôties dans les plats de faïence et de porcelaine. Une mule galope dans un nuage au rythme de mon coeur. Des guêpes marquent le pas sur mon crâne, tandis que défile entre mes quatre-z-yeux un régiment de lézards rouges. Un clairon bat, un tambour sonne. Ma tête tourne entre les deux pôles. Je suis saoul. Je suis poète. Je suis Dieu.
     

    Joseph Delteil : "CHOLERA" (Ed Grasset) - Pleine joie Ch XVII

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    du poète Francis Combes

    La vigne est une harpe plantée sur la colline

    Nous avons enfoncé dans le dos de la terre

    Ces pieux alignés sous le ciel

    Tendu le fil de fer

    Maintenant c’est le vent qui joue avec les cordes

     

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