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Un jour si long
« Il se perd un peu » m’a dit le médecin ce matin.
Mon père se perd.
Perdu parfois ? Ça je le savais, mais tant que nul ne me l’avait dit je n’y voulais pas croire. Et puis que faire face à cela ? Comment l’abandonner à des mains inconnues, à des gestes d’impatience, à des paroles brusques peut-être ?
N’empêche. Ces cinq petits mots de rien du tout m’ont sonnée. Je n’aurais pas voulu les entendre. Depuis, une mauvaise musique tourne dans ma tête comme un papillon de nuit sous l’abat-jour : mon père se perd ; ce père, mon père, se perd ; il se perd mon père, mon petit père… interminable litanie.
Karine Lemoine
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