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    Chat follet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Poum ! le temps d'une explosion, et je suis là, jailli vous ne savez d'où.  Poum ! j'ai cassé, d'un bond exprès maladroit, le vase de Chine, et  poum !  me voilà collé, comme une pieuvre noire, au museau blanc du lévrier, qui crie avec une voix de femme battue... Poum ! parmi les tendres bégonias prêts à fleurir, et qui ne fleuriront plus...

    Poum ! au beau milieu du nid de pinsons qui pépiaient, confiants, à la fourche du sureau... Poum ! dans la jatte de lait, dans l'aquarium de la grenouille, et poum ! enfin, sur l'un de vous.

    En trois secondes, j'ai tiré une mèche de cheveux, mordu un doigt, marqué quatre fleurs de boue sur la robe blanche, et je m'enfuis... N'essayez pas de me retenir par la queue, ou je jure un mot abominable, et je vous laisse dans la main une pincée de poils rêches, qui sentent le brûlé et donnent la fièvre !

    Et gardez-vous, si je chante trop haut, cette nuit, de mettre le nez à la fenêtre : vous pourriez mourir soudain de me voir, sur le faîte du toit, assis tout noir au centre de la lune !...

    Colette - La Paix chez les bêtes

     

     

    Chat follet

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    « Coquelicot. C’est un cri, c’est un appel, c’est un mot de joues rouges et de course folle dans les blés, de mollets piqués par les chardons, de roulades et de cul par-dessus tête dans le fossé.

    C’est un mot claquant, insolent, cueille-moi si tu l’oses, je me fanerai aussitôt mais regarde : je suis légion. Je pousse et je re-pousse, et dans cette flaque rouge tu ne sais plus où poser les yeux. Coquelicots, cavalcade, concours à qui sera le plus rouge, tes joues ou moi. »

    Anne sylvestre – Coquelicot et autres mots que j’aime (Points 2014)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Andrzej Malinowski - Blanc de lys

     

    [...]

    Et tu fis la blancheur sanglotante des lys
    Qui roulant sur des mers de soupirs qu'elle effleure
    A travers l'encens bleu des horizons pâlis
    Monte rêveusement vers la lune qui pleure !

    [...]

    Stéphane Mallarmé - Les Fleurs

     

    Pour le poète las que la vie étiole

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Comme le sable, les rêves

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Picasso - Le Rêve

     

    Le visage de ceux qu’on n’aime pas encor
    Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves
    Et va s’illuminant sur de pâles décors
    Dans un argentement de lune qui se lève.

    [...]

    Anna de Noailles

     

     

    Comme le sable, les rêves

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Egon Schiele - La Rêveuse

     

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    Se trouver dans le poème, vivre l’instant troublant                             de l’entière empathie

     

    On s’en vient seul et l’on s’en va de même.
    On s’endort seul dans un lit partagé.
    On mange seul le pain de ses poèmes.
    Seul avec soi on se trouve étranger.
    Seul à rêver que gravite l’espace,
    Seul à sentir son moi de chair, de sang,
    Seul à vouloir garder l’instant qui passe,
    Seul à passer sans se vouloir passant.

     

    de Liliane Wouters, poète belge née en 1930. Prix Apollinaire 2015 pour son recueil Derniers feux sur terre, Le Taillis Pré, et pour l'ensemble de son œuvre.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Jérôme Arbonville - peintre de la foule

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    Pierre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Pierre que nul regard ne toucha,
    Pierre qu'aucune main ne prit.
    Pure de tout regard, de tout penser,
    vierge de toute connaissance des hommes
    telle que jaillie de la terre,
    si longtemps retenue dans ses profondeurs,
    dans le gouffre maternel de son ventre.
    Pierre proche de l'aube première,
    du premier feu, du feu unique,
    du dieu du feu.

     

    Pierre, peira

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Cirque dolomitique de Mourèze (34)

     

    Pèira que ges d'agach non toquèt pas,
    Pèira que ges de man la prenguèt pas.
    Linda de tot agach, de tot pensar,
    vèrge de tot saupre dels òmes
    tala qu'espelida de tèrra,
    dins sa fonzor tant de temps retenguda,
    dins la fonzor mairala de son ventre.
    Pèira pròcha de la prima auba
    dau fuòc primièr, dau fuòc unenc
    dau dieu de fuòc.

    Peira - (D'aicí mil ans de lutz - Max Rouquette)

     

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  • Les lunettes roses, amour, nature, amour

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Charles Camoin - Les pins

     

    La mer adorante

    Tu regardais la mer... Couché sur la falaise,
    Je te voyais debout au bord de la fournaise
    Où brûlaient, au-dessus des flots, les rocs épars.
    Pas un souffle. Les pins craquaient. De toutes parts,
    Un soleil dévorant s'abattait sur les choses,
    Et toi, qui respirais une touffe de roses,
    Distraitement, sur les rochers tu l'effeuillas…
    On voyait sous les pins scintiller les villas ;
    L'herbe sèche cherchait l'ombre maigre des branches
    Et le sable enflammé buvait les vagues blanches.
    Rien
    ne pouvait subir la fureur de l'éther.
    Tout dormait. Et toi seule, au-dessus de la mer,
    Tu te dressais, sauvage, avec ta chevelure
    A moitié déroulée, et tendant ta figure
    Aux rayons enflammés de l'astre, tu parus
    Un moment, tant l'air chaud tremblait sur tes bras nus,
    Etre l'autel vivant de l'ardent paysage,
    Et je voyais la mer adorer ton visage.


    Joachim Gasquet (1873-1921) - Les chants séculaires

     

    Les lunettes roses...

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Joachim Gasquet par Cézanne

     

    "Songez que l'histoire du monde date du jour où deux atomes se sont rencontrés, où deux tourbillons, deux danses chimiques se sont combinées. Ces grands arcs-en-ciel, ces prismes cosmiques, cette aube de nous-mêmes au-dessus du néant, je les vois monter, je m'en sature."
    Joachim Gasquet – Cézanne Ed. Encre marine 2002

     

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    Terre-Lune, Terre-Lune
    Ce soir j'ai mis mes ailes d'or
    Dans le ciel comme un météore
    Je pars


    Terre-Lune, Terre-Lune
    J'ai quitté ma vieille atmosphère
    J'ai laissé les morts et les guerres
    Au revoir


    Dans le ciel piqué de planètes
    Tout seul sur une lune vide
    Je rirai du monde stupide
    Et des hommes qui font les bêtes


    Terre-Lune, Terre-Lune
    Adieu ma ville, adieu mon cœur
    Globe tout perclus de douleurs
    Bonsoir.


     Boris Vian, Terre-Lune

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Paroles : Jean-Loup Dabadie - Musique : Alain Goraguer

     

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    Réjouissante poésie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Te voilà, rire du Printemps !
    Les thyrses des lilas fleurissent.
    Les amantes qui te chérissent
    Délivrent leurs cheveux flottants.

    Sous les rayons d’or éclatants
    Les anciens lierres se flétrissent.
    Te voilà, rire du Printemps !
    Les thyrses de lilas fleurissent.

    Couchons-nous au bord des étangs,
    Que nos maux amers se guérissent !
    Mille espoirs fabuleux nourrissent
    Nos coeurs gonflés et palpitants.
    Te voilà, rire du Printemps !

    Théodore de Banville

     

    Réjouissante poésie

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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      Une vapeur, un brouillard,

      Un nuage  m'entourait.

      J'allais dans San Jeronimo

      Vers le port presque endormi

      Quand hors de l'hiver

      Une montagne de lumière jaune,

      Une tour en fleurs parut sur le chemin  

      Et tout fut empli de parfum.

      C'était un mimosa.

     

        Pablo Neruda

     

     

     

    [...]
    Mimosa soleil
 terrestre, explosion du 
parfum,
    cascade, cataracte, chevelure de 
tout 
le 
jaune
    déversé en 
une
 seule 
vague de 
feuillage,
    mimosa en 
avant dans
 l’hiver
 austral
    comme 
un
 vaillant militaire jaune, avant 
la 
bataille,
    nu, désarmé, face aux 
bataillons de 
la 
pluie, mimosa.
    [...]

    Je 
te 
proclame rayon
 de
 miel du 
monde :
    nous
 voulons un
 instant être bourdons sylvestres,
    élégantes,
 alcooliques guêpes,
    frelons de 
miel et 
de velours,
    plonger les 
yeux, la chemise, le
 cœur,
 les 
cheveux
    dans 
ta 
frémissante senteur, dans 
ta 
coupe jaune
    jusqu’à
 ne 
plus
 être qu’arôme dans
 ta planète,
    pollen
 d’honneur, intimité 
de 
l’or, plume 
de 
ta 
fragrance.

     Pablo Neruda - Extrait du Troisième Livre des Odes

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    Sous un grand ciel gris, dans une grande plaine poudreuse, sans chemins, sans gazon, sans un chardon, sans une ortie, je rencontrai plusieurs hommes qui marchaient courbés.

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  •  à Margareth, Ymi, Eva

    Voici des vers que mon père, de temps en temps, prononce avec plaisir sans autre indication que le souvenir de les avoir appris autrefois. Curieuse, j’ai recherché le texte du « petit zéphir » et me suis aperçue que ces vers continuaient de fleurir dans la mémoire de personnes nées dans les années 20.
    Peut-être aurez-vous envie de découvrir en entier ou de relire jusqu’au bout cette longue pièce de vers au charme suranné ?

    Lire la suite...

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    L'ombre venait, les fleurs s'ouvraient, rêvait mon âme !
    Et le vent endormi taisait son hurlement.
    La nuit tombait, la nuit douce comme une femme
    Subtile et violette épiscopalement.

    Les étoiles semblaient des cierges funéraires
    Comme dans une église allumée dans les soirs
    Et semant des parfums, les lys thuriféraires
    Balançaient doucement leurs frêles encensoirs

    Une prière en moi montait, ainsi qu'une onde
    Et dans l'immensité bleuissante et profonde
    Les astres recueillis baissaient leurs chastes yeux ;

    Alors, Elle apparut ! Hostie immense et blonde
    Puis elle étincela, se détachant du monde,
    Car d'invisibles doigts l'élevaient vers les cieux !

    Paul VALERY
    Élévation à la Lune - 23 Juillet 1889

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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     …
    Tous les cris se sont tus, les râles sont poussés.
    Sur le sol bossué de tant de chair humaine,
    Aux dernières lueurs du jour on voit à peine
    Se tordre vaguement des corps entrelacés ;

    Et là-bas, du milieu de ce massacre immense,
    Dressant son cou roidi, percé de coups de feu,
    Un cheval jette au vent un rauque et triste adieu
    Que la nuit fait courir à travers le silence.

    Le Soir d’une Bataille - Leconte de Lisle

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    La lampe dans la chambre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    La lampe dans la chambre est une rose blanche
    Qui s'ouvre tout à coup au jardin gris du soir ;
    Son reflet au plafond dilate un halo noir
    Et c'est assez pour croire un peu que c'est dimanche.

     

    La lampe dans la chambre est une lune blanche
    Qui fait fleurir dans les miroirs des nénuphars ;
    On ne sait plus quel jour il est, ni s'il est tard,
    Sauf qu'on est doux comme à la fin d'un beau dimanche.

     

    Sourire de la lampe en sa dentelle blanche
    Qu'on dirait une coiffe où dorment des cheveux ;
    Lampe amicale aux lents regards d'un calme feu
    Qui donne à l'air de chaque soir l'air du dimanche.

    Georges Rodenbach

     

     La lampe dans la chambre

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Peter Vilhelm

     

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