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Retrouvée la maison triste et seule, vide de toute âme depuis de longs mois ! Retrouvée sous la pluie comme il se doit. Deux jours de pluie froide et perçante qui m’ont fait croire un instant que le temps dans mes vieilles montagnes s’était figé en novembre. Pourtant tout est là. L’extravagante végétation printanière de ce pays de pluies, de brumes et de ruisseaux, donne à la nature une sorte de dimension supplémentaire, une épaisseur, comme si arbres, taillis, forêts centuplaient le temps du printemps. Le végétal en effervescence mousse de vie et grandit sous mes yeux ébahis.
Retrouvé mon père, il n’est pas seul dans une maison de retraite qui n’est pas triste… Pourtant je sais bien qu’après plus de deux ans passés dans cet endroit qui doit lui rappeler l’internat de son enfance, il est loin d’être à son aise. Lorsque l’on a 93 ans et qu’une nature fougueuse continue de vous animer, les révoltes forcément vous consument.
Et pour moi, beaucoup d’efforts pour revenir dans la maison paternelle où tout me ramène à ma petite mère, accepter ce qui est désormais perdu, évaporé, disparu mais qui, je le sais, je le sens, vibre dans chaque objet, chaque meuble effleuré, caressé du regard. Allongée, la tête en travers de l’oreiller, les yeux dans les lambris du plafond, la tête vide mais néanmoins titillée par la somme de choses qu’il faudrait entreprendre pendant les quatre mois à venir, je ne me retrouve plus moi-même. Capable ou incapable ? Telle est la question qui ondule et rampe dans mon esprit défleuri.
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Parfois une route qui semble se terminer au bord du monde mais s'ouvre à l’espace déployé, à l’illimité, est plus représentative que ce " 8 " fatigué, ces deux zéros reliés par le nombril, censés symboliser l’infini
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(à eva-maïa)
Il y avait autrefois de l'affection, de tendres sentiments,
C'est devenu du bois.
Il y avait une grande politesse de paroles,
C'est du bois maintenant, des ramilles, du feuillage.
Il y avait de jolis habits autour d'un cœur d'amoureuse
Ou d'amoureux, oui, quel était le sexe?
C'est devenu du bois sans intentions apparentes
Et si l'on coupe une branche et qu'on regarde la fibre
Elle reste muette
Du moins pour les oreilles humaines,
Pas un seul mot n'en sort mais un silence sans nuances
Vient des fibrilles de toute sorte où passe une petite fourmi.
Comme il se contorsionne l'arbre, comme il va dans tous les sens,
Tout en restant immobile !
Et par là-dessus le vent essaie de le mettre en route,
Il voudrait en faire une espèce d'oiseau bien plus grand que nature
Parmi les autres oiseaux
Mais lui ne fait pas attention,
Il faut savoir être un arbre durant les quatre saisons,
Et regarder, pour mieux se taire,
Écouter les paroles des hommes et ne jamais répondre,
Il faut savoir être tout entier dans une feuille
Et la voir qui s'envole.Jules Supervielle - L'Arbre
Chaïm Soutine - L'arbre de Vence vers 1929
Le frêne de Vence a donné depuis longtemps son nom à la place Thiers
Lire un livre sous un arbre en double le plaisir. On ne sait plus si on tourne les pages ou si on feuillète l’arbre.
Jean Chalon
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Ma mère, que je l'aime en ce portrait ancien,
Peint aux jours glorieux qu'elle était jeune fille,
Le front couleur de lys et le regard qui brille
Comme un éblouissant miroir vénitien !
[...]
Ma mère que voici n'est plus du tout la même ;
Les rides ont creusé le beau marbre frontal ;
Elle a perdu l'éclat du temps sentimental
Où son hymen chanta comme un rose poème.
[...]
Emile Nelligan - "Devant deux portraits de ma mère" - Extraits
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Elle souriait
et son sourire – elle le semait à tous les vents.
Et les gens,
qui avaient l'air de se foutre éperdument
les uns des autres, se souriaient.
Se souriaient tout simplement,
se souriaient sans ironie
et sans envie,
car ce sourire les unissait.
Les couleurs même avaient changé,
plus de peine, plus d'ennui.
Un sourire.
Et ils se contemplaient les gens :
ils étaient bons, ils étaient beaux.[...]
Leonide Pachtchenko
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Petits points suspendus sur le fil de la phrase…
Passereaux en partance pour les chemins migratoires de la pensée…
Echappée de rêves entre le dessin rond-aigu des mots drus…
Silences habités…
Envol…
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Henri Le Sidaner - Le bec de gaz - Nuit bleue '1906)
Saisir, saisir le soir, la pomme et la statue,
Saisir l'ombre et le mur et le bout de la rue.
Saisir le pied, le cou de la femme couchée
Et puis ouvrir les mains. Combien d'oiseaux lâchés
Combien d'oiseaux perdus qui deviennent la rue
L'ombre, le mur, le soir, la pomme et la statue !
Jules Supervielle
Maillol - L'Air - Jardin des Tuileries (1938)
Statue de Maillol dans une rue de Perpignan
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Nous, comme autant de grains de sable précipités dans le grand sablier du temps.
Le temps, cette ombre qui fuit sur un très vieux cadran solaire.
Le jour, prometteuse éternité qui soudain se brise…
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Le vent ?
Je suis le vent
La mer et la lune ?Je suis la mer et la lune
Les larmes, la douleur, l'amour, les oiseaux ?Je suis tout cela, le péché, la prière, la lumière...
Je danse ce que je suis...
Du poète Carl Sandburg évoquant Isadora DuncanUne envolée de Rudolf Noureev, l'Oiseau Bleu - (La Belle au bois dormant - Tchaikovsky)
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Ce soir, ma bouche s'emplit de solitude
Les roses ont fui mes mains
Quelque part un homme meurt de vouloir être libre
Dans ma tête devines-tu l’âme du vent ?
Eux se sont reconnus. Elle a mordu son cœur
O toi ma neige de minuit sur les fleurs de l’été
Je veux te déchirer de mes soleils aussi
Au bord du lac frissonnant la passion prend des reflets de lune
Je t’aime en rouge et rose sous la lumière de satin noir
Dans la nuit liquide de nos sources
Abîmons-nous mon amour
J’ai soif de renaître encore.
Myrto - 1 mai 1979
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